Fermeture du projet d’Appui prénatal, périnatal, postnatal et nutritionnel en Grand’Anse et au Sud d’Haïti (A3PN)

Le 31 mars prochain marquera la fin d’un projet novateur et solidaire, le projet d’Appui prénatal, périnatal, postnatal et nutritionnel en Grand’Anse et dans le Sud d’Haïti (A3PN). Bien qu’A3PN ait rencontré de nombreux enjeux au cours de sa mise en œuvre, le projet a eu un impact significatif et favorable sur la qualité de vie des populations visées par ce projet.

Effectivement, il faut reconnaître qu’au cours de ces 4 années, le projet a dû faire face à plusieurs défis d’envergure. Soulignons d’abord l’ouragan Matthew (2016) qui a affecté les 10 centres de santé appuyés par le projet, auquel s’ajoutent les périodes d’instabilité politique en 2018 et en 2019. Heureusement, fort d’une équipe dévouée et engagée, les résultats escomptés ont pu être atteints.

Puis, au moment de mettre fin aux activités du projet, la planète entière fait face à la COVID-19 et Haïti n’en fait pas exception. Le projet s’est assuré de remettre aux centres de santé et aux directions sanitaires bénéficiaires du matériel qui, nous le souhaitons, aidera à faciliter la réponse à cette crise sanitaire sans commune mesure.

Ne pouvant nous prononcer sur l’issue de cette crise, la Fondation est cependant heureuse de vous partager les résultats saillants du projet A3PN. Après avoir mesuré la portée de ses interventions, nous pouvons observer une diminution des cas de malnutrition infantile, une augmentation du nombre de femmes bénéficiant de suivis pré, péri et post natals et d’une diminution des cas de mortalité maternelle dans les régions touchées.

Le projet en bref

Visant à réduire la mortalité maternelle et infantile dans les départements de la Grand’Anse et du Sud d’Haïti, la Fondation Paul Gérin-Lajoie s’est donné comme mission d’accroître la mobilisation et l’accessibilité pour la santé des mères et des enfants dans cette région. Pour ce faire, un partenariat s’est établi avec l’organisation Catholic Relief Services Haïti (CRS) comme partenaire local et avec deux entités de l’Université de Montréal comme partenaires canadiens afin de mettre en œuvre A3PN, soit l’Unité de Santé Internationale (USI) et TRANSNUT du département de nutrition. Parallèlement, le projet a compté sur la précieuse collaboration du Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) par l’entremise des Directions sanitaires du Sud et de la Grand’Anse, la Direction de la Santé de la Famille et de l’unité de Coordination du Programme National d’alimentation et de Nutrition (UCPNANu).

Visant appuyer directement 100 195 personnes, soit 34 450 femmes, 10 169 hommes, 26 612 filles et 28 965 garçons, des actions favorisant une approche holistique de la santé de proximité ont été réalisées entre 2016 et 2020 à travers huit communautés, soit dans les communes de Saint-Jean-du-Sud, Camp-Perrin et Chantal dans la région Sud et les communes de Moron, Anse d’Hainault, Les Irois, Roseau et Corail dans la région Grand’Anse.

Principaux résultats

Le projet a compté sur le dynamisme de 72 personnes agentes de santé communautaires polyvalentes (ASCP) réparties dans les différentes communautés pour sensibiliser les populations visées et pour prodiguer des services de santé de base en appui aux mères enceintes et aux nouveau-nés. Plus concrètement, ils avaient entre autres comme objectifs de détecter les cas de malnutrition, d’administrer la vaccination, procéder au déparasitage. Au terme des quatre années de mise en œuvre, les ASCP ont réalisé plus de 50 000 visites à domicile, mis sur pied 172 postes de rassemblement et mené plus de 14 000 séances d’information et d’éducation et communication (IEC) sur les thématiques de la sécurité alimentaire, la nutrition, l’allaitement, l’hygiène et la santé maternelle et infantile. L’infirmière superviseuse de Roseau témoigne : « Les séances IEC ont [été] […] grandement apprécié, que ce soit dans les écoles, dans les églises ou d’autres regroupements. Au niveau de ces institutions, les gens ont accordé une importance capitale pour ces séances parce qu’elles leur ont permis d’acquérir de nouveaux bagages, de rejeter les anciennes coutumes et de mettre en pratique les bonnes habitudes. »

Parallèlement, le projet a mis en place 159 clubs de mères, appuyés et accompagnés de mères éducatrices et de pères éducateurs, permettant de créer des espaces d’échanges pour favoriser l’éducation des femmes, la sensibilisation sur l’utilisation des services de santé et l’épanouissement socio-économique afin d’améliorer leurs conditions de vie et servir ainsi de modèle pour la communauté féminine. Une membre d’un club de mères de Corail témoigne : « Maintenant les femmes connaissent tous les signes de danger au cours de la grossesse et dès qu’ils se présentent, elles s’empressent de consulter à l’hôpital. » À travers ces clubs, 40 jardins communautaires et 1172 jardins familiaux ont étés mis sur pied pour contribuer à la diversité et à la sécurité alimentaire. Parallèlement, 100 mutuelles de solidarité (MUSO) ont été implantées pour contribuer à l’autonomisation et la solidarité économique des femmes pour accéder à des soins de santé par la création d’activités génératrices de revenus et la création d’une caisse de solidarité qui permettre de répondre aux urgences. Une infirmière superviseuse témoigne à propos des Mutuelles de solidarité (MUSO) : « Il s’agit d’une des activités phares du projet. L’assiette économique des familles a pu être augmentée et les MUSO ont eu aussi pour vertu de sceller davantage la cohésion sociale des gens au sein des communautés. L’autre point fort, c’est que les MUSO ont aidé à la prise en charge des problèmes de santé des femmes et des enfants grâce à la caisse de solidarité. »

Par ailleurs, le projet a permis le renforcement des capacités de dix centres de santé par la formation et l’accompagnement de son personnel soignant et d’appui, par la réhabilitation et la dotation en matériel et équipement. Le responsable des ressources humaines de la Direction sanitaire de la Grand’Anse explique : « La particularité du projet A3PN […] est de concevoir un plan de formation qui cible le personnel de soutien. Des employés de cette catégorie travaillant depuis 20 ans dans une institution de santé recevront pour la première fois une attestation de formation. Les autres initiatives forment toujours uniquement le personnel technique. L’approche du projet A3PN permet non seulement de valoriser le travail du personnel de soutien, mais dans la pratique aide beaucoup à l’amélioration de leur performance dans l’accomplissement des tâches qui leur sont attribuées, car ils les ont exécutés en pratique, grandeur nature, avec des experts. »

Le projet A3PN est un exemple concret d’initiative holistique adressant une problématique en touchant à toutes ses causes sous-jacentes. Cette approche a constitué une force réelle et aidera forcément à atteindre des résultats durables. L’initiative a suscité beaucoup d’engouement dans les régions d’intervention et plusieurs personnes questionnées ont manifesté leur désir de voir se poursuivre le projet et ont affirmé que le projet avait sauvé la vie de plusieurs membres de leur communauté, dont leurs enfants.

En terminant, un grand merci à Affaires mondiales Canada (AMC) et à l’Ambassade du Canada en Haïti grâce à qui cette initiative a été rendue possible à travers le Partenariat pour le renforcement de la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants (PRSMNE).

Enfin, un grand merci à toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin au succès du projet A3PN – les membres des clubs de mères, les membres des réseaux communautaires, les représentants des centres de santé et du MSPP, les experts en santé publique et les personnes dédiées à la recherche.