COVID-19: un financement additionnel pour IDDA
Le 22 juin dernier, la ministre Karina Gould annonçait de nouveaux fonds d’appui aux organisations de coopération internationale (OCI) œuvrant dans le secteur de l’éducation afin de réduire les impacts négatifs de la COVID-19. Parmi ces OCI, la Fondation Paul Gérin-Lajoie est l’heureuse bénéficiaire d’un appui financier supplémentaire pour son projet d’Insertion durable des diplômés en agropastoral (IDDA), mis en œuvre depuis 2016 au Bénin, au Mali et en Haïti.
La nouvelle enveloppe budgétaire, d’un montant de 200 000 $, permettra à l’organisation et à ses partenaires locaux dans les trois pays d’intervention de répondre efficacement à la crise de la COVID-19 et d’en mitiger les effets, particulièrement sur les femmes et filles. S’étalant sur 8 mois, les activités proposées ont pour objectifs d’assurer la continuité des programmes éducatifs, et d’outiller plus adéquatement les communautés et les jeunes, notamment les jeunes filles, plus vulnérables aux impacts économiques et sociaux que provoque la pandémie. De façon générale, la Fondation et ses partenaires porteront une attention particulière aux obstacles qui pourraient empêcher un retour à l’école des jeunes filles, et veilleront à la réintégration des adolescentes par des activités de sensibilisation des directions d’écoles et le paiement des frais de scolarité, entre autres.
À court terme, des opérations de sensibilisation à l’hygiène et aux pratiques sûres seront organisées par l’entremise d’émissions, de débats, de messages publicitaires et de bandes-annonces diffusés en langues locales dans les radios de proximité, ainsi que dans les lieux publics des communautés ciblées au Bénin (départements du Mono, de l’Atlantique et du Borgou), au Mali (région de Ségou) et en Haïti (département du Sud-Est).
Puis, en soutien aux directives et protocoles de prévention et de contrôle de la COVID-19 en milieu scolaire mis de l’avant par les autorités des pays ciblés, des activités seront menées pour assurer une rentrée scolaire sécuritaire dans les établissements soutenus par le projet : formation aux mesures d’hygiène et d’assainissement, prévention et gestion de la COVID-19 en milieu scolaire; mise à disposition de dispositifs de lavage des mains, de produits désinfectants, de masques, de gants, etc.; réparation et bonification des systèmes de collecte d’eau nécessaires pour mettre en œuvre les mesures d’hygiène recommandées.
Parallèlement, depuis le début de la crise sanitaire, la Boîte à Innovations (BAI), partenaire de la Fondation Paul Gérin-Lajoie, a mis en place, avec les équipes des trois lycées ciblés par le projet IDDA au Bénin, un accès à distance de sa plateforme d’apprentissage numérique sur l’application WhatsApp. Depuis le début du projet, la plateforme BAI améliore le volet pratique de la formation technique agricole des lycées avec des capsules vidéo montrant chaque étape liée à une chaîne de valeur agricole. Accroître l’accessibilité et le contenu de la plateforme BAI de façon permanente constitue une mesure de riposte à la pandémie actuelle et à celles qui pourraient survenir. Pour y arriver, 116 nouvelles vidéos et capsules audio seront tournées, montées et intégrées à la plateforme, tandis que 36 personnes enseignantes seront formées à leur utilisation. « Avec cette intégration numérique au sein des Lycées, le personnel enseignant et les élèves acquièrent de nouvelles compétences du 21e siècle qui peuvent être répliquées et adaptées à l’ensemble de l’écosystème éducatif, y compris aux analphabètes, dans une perspective d’inclusion pédagogique », affirme Tony Simard, président fondateur de la Boîte à Innovations.
« L’apprentissage y est facilité par l’interactivité en temps réel, par le co-apprentissage et par la capacité de délocaliser les apprentissages. Les valeurs ajoutées sont multiples », ajoute-t-il.
Finalement, les jeunes bénéficiaires du projet IDDA seront réorientés vers l’auto-emploi et seront appuyés pour démarrer 100 entreprises agricoles et agroalimentaires supplémentaires. Ils recevront à cet effet une formation sur l’élaboration de plans d’affaires ainsi que des trousses de démarrage pour les entreprises.
La pandémie actuelle, tant au Bénin, au Mali qu’en Haïti pose un frein à l’éducation. Cela se traduit notamment par une baisse significative du niveau d’apprentissage des élèves, par une diminution de la fréquentation scolaire. Dans ces circonstances, les filles et les jeunes femmes sont particulièrement vulnérables. Effectivement, la déscolarisation entraîne une augmentation des mariages et des grossesses précoces, de même que d’autres violences basées sur le genre (VBG). Pour y remédier, certains pays, comme le Bénin et le Mali, ont procédé à la réouverture des établissements de formation, mais les faibles moyens étatiques empêchent les écoles de se munir de l’équipement nécessaire à un retour sécuritaire et inclusif des élèves. D’un point de vue économique, les mesures de prévention mises en place causent déjà un ralentissement des activités, ce qui aura un impact majeur sur les moyens de subsistance et sur la sécurité alimentaire des populations. Le secteur agricole local, appuyé par le projet IDDA, fournit dans ses trois pays d’intervention une importante part des besoins alimentaires. Des mesures pour préserver et accroître l’agriculture et l’agroalimentaire, comme celles et ceux qui y travaillent, seront essentielles pour atténuer les impacts de la crise.