Inégalités socio-économiques en Afrique de l’Ouest : un portrait du Bénin

Découvrez une chronique de signée par Janyck et Léonie deux volontaires QSF parties en mission de solidarité internationale au Bénin à l’été 2019.

Lundi matin, 8h30, Figneul Adjiwanou (nom fictif) arrive au service prêt pour sa journée de travail. Ce jour-là, il consacrera 12 heures de sa journée à vendre du poisson et en retirera difficilement assez d’argent pour subvenir à ses besoins primaires. Le cas de Figneul représente une grande majorité de la population béninoise, notamment les jeunes et les femmes.

Selon le PNUD, les données de 2018 indiquent qu’en matière d’Indice de développement humain, le Bénin se place en 163e position sur les 189 pays listés. Cela est un indicateur révélateur mais toutefois déficient de toute la situation béninoise. Le PNUD constate toutefois statistiquement un progrès.

La pénurie d’emploi qui touche le Bénin depuis un bon moment, limite l’accès à des conditions de vie stables et épanouissantes. De nombreuses difficultés se retrouvent sur leur chemin, notamment l’accès à l’éducation, le manque de clientèle, la pression familiale et la conciliation travail-famille). De ce fait, les universités privées où les formations sont solides ont des frais tellement exorbitants que très peu d’individus, autrement que les classes aisées, peuvent se payer.

De plus, la situation de l’emploi est extrêmement compliquée car 60% de la population a moins de 15 ans, ce qui entraîne une saturation du marché de l’emploi. Ainsi, même avec des diplômes d’études supérieurs ou professionnels, la difficulté de subvenir à ses besoins primaires et secondaires, voire de seulement au moins avoir un emploi, est ardue, d’autant plus que l’on constate un taux d’analphabétisme de plus de 60%. Comme le concept d’innovation entrepreneurial est inconnu au Bénin, il est d’autant plus difficile de se trouver un secteur d’activité qui répond à un besoin manquant.

La majorité des femmes béninoises subviennent à leurs besoins par l’entremise d’activités génératrices de revenus (AGR) comme la vente de beignets, de boule d’akassa, d’essence, etc. Leur esprit entrepreunarial est très présent mais leur analphabétisme fréquent (85% des femmes) ainsi que leur manque de connaissance en gestion financière freinent le développement de leurs AGR et l’amélioration leurs conditions de vie. Le manque de revenus générés par leurs activités les oblige à trouver un travail supplémentaire, généralement dans des champs de grands producteurs, indispensable pour boucler leur fin de mois.

Florence Couillard
©Florence Couillard

Un autre grand sujet qui a marqué notre séjour, est le manque de connaissance et d’éducation concernant la contraception et la santé sexuelle qui engendre un taux de grossesse élevé en milieu scolaire. Si en 2019 , ce taux a baissé de 30% dans certaines régions du Bénin (département de l’Atacora notamment), la situation est extrêmement préoccupante puisqu’elle empêche les jeunes femmes de continuer leurs études et leurs formations. C’est le cas notamment dans certaines écoles et collèges agricoles, où on retire aux jeunes filles et femmes, le droit d’étudier à cause de leur grossesse. La conciliation travail-famille inexistante rend aussi l’accessibilité aux études et à un travail décent quasi impossible, même si, concernant les femmes effectuant des (AGR) elles ont tendance à apporter leurs enfants avec eux.

La situation économique extrêmement difficile encourage les jeunes à se tourner vers l’entrepreunariat afin de se créer un emploi adapté à leur réalité et à leur personnalité. Si le domaine est difficile, entreprendre leur offre la possibilité d’élargir leurs opportunités autres que le travail traditionnel. Leur créativité et leur ingéniosité sont mises en pratique.