Mission de démarrage du projet ÉDUFAM, entretien avec Florence Massicotte-Banville

Le 25 février dernier, Florence Massicotte-Banville, chargée de projets internationaux à la Fondation Paul Gérin-Lajoie, s’envolait vers l’Afrique pour une effectuer une mission de démarrage pour le projet Éducation des filles pour un avenir meilleur dans la région des Grands Lacs (ÉDUFAM), soit au Burundi, en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda.

Qu’est-ce qu’une mission de démarrage? Comment un projet est-il mis en place? Florence Massicotte-Banville répond à nos questions!

Florence, pouvez-vous nous présenter votre rôle au sein du projet ÉDUFAM et en quoi il consiste?

Je suis la personne responsable de la Fondation pour le projet ÉDUFAM. Mon rôle est de m’assurer de la bonne planification et de la mise en œuvre du projet avec tous les partenaires impliqués, soit le Centre d’étude et de Coopération Internationale (CECI) comme partenaire du consortium de gestion et les différents partenaires locaux sur le terrain. Je dois entre autres m’assurer de l’atteinte des résultats prévus par le projet et rapporter régulièrement ceux-ci au bailleur de fonds principal, Affaires mondiales Canada (AMC). Mon rôle est également de m’assurer que les fonds soient bien utilisés pour la mise en œuvre des activités prévues et selon les normes administratives et financières de la Fondation et d’AMC. Je suis donc en appui continu aux partenaires locaux de mise en œuvre du projet, à distance au Canada et en personne lors de mes missions sur le terrain.

Vous avez effectué une mission de démarrage du 25 janvier au 13 février 2020, à raison d’une semaine en RDC et de deux semaines au Rwanda. Pourquoi fait-on une mission de démarrage et en quoi cela consiste-t-il?

La mission de démarrage permet de mettre en place des bases solides pour la bonne mise en œuvre du projet. Il s’agissait donc principalement de rencontrer les partenaires locaux de chaque pays d’intervention et de travailler avec eux sur les éléments suivants :
1) Recrutement des ressources humaines prévues au projet (chef de projet, comptable, spécialiste éducation, etc.)
2) Organisation des éléments logistiques (bureaux, équipements et matériel nécessaires, etc.)
3) Révision des différentes normes de gestion du projet (administratives, comptables, etc.)
4) Révision de la planification des activités du projet
5) Rencontres avec les autorités et acteurs impliqués dans le projet: écoles ciblées, ministères en charge de l’éducation, ministères en charge des réfugiés, Haut-Commissariat pour les réfugiés (UNHCR),qui administre les camps de réfugiés, et autres autorités locales

Nous avons également profité de la mission conjointe avec la chargée du projet au CECI pour organiser une rencontre de deux jours à Kigali avec les partenaires locaux des trois pays. C’était l’occasion pour tout le monde de se rencontrer et d’échanger sur la planification du projet et la coordination des activités entre les différents partenaires.

Quels constats êtes-vous en mesure d’émettre suite à votre retour de mission?

Le projet a reçu un accueil très favorable de la part de tous les acteurs rencontrés. Les autorités locales des trois pays ont confirmé que l’éducation des filles était une priorité et que les besoins d’appui étaient importants. Nous allons donc les impliquer de près dans la planification des activités pour que le projet réponde le mieux possible aux réalités spécifiques de chaque zone d’intervention.

 Les rencontres avec les partenaires, les écoles ciblées et les autorités nous ont permis de confirmer les principaux obstacles à l’éducation des filles auxquels nous voulons nous attaquer avec ce projet, soit : les conditions économiques précaires, notamment des réfugiés et déplacés, qui poussent à sacrifier l’éducation des filles pour qu’elles puissent aider la famille, les mariages et les grossesses précoces qui contribuent grandement au décrochage scolaire des filles; certaines normes sociales et culturelles néfastes qui sont à la source de plusieurs inégalités de genre, dont les violences basées sur le genre, et plus encore.

Tous les partenaires du projet et autres parties prenantes sont fortement motivés et engagés pour assurer le succès du projet.

Voilà qui semble très encourageant! Au regard de cette mission, quels sont les principaux défis et enjeux à la bonne mise en oeuvre d’ÉDUFAM?

Un enjeu important est la question de la sécurité. Certaines zones d’intervention ciblées par le projet, notamment en RDC, sont aux prises avec un niveau élevé d’insécurité, principalement en lien avec la présence de groupes armés. Les conflits armés sont d’ailleurs l’une des causes des déplacements des populations que nous ciblons. Afin de pouvoir travailler efficacement dans ce contexte, nous avons ciblé des partenaires locaux déjà bien établis dans ces zones et maîtrisant bien les risques et les façons de mitiger. Nous allons également faire appel à des experts afin d’effectuer dans les prochaines semaines une étude rigoureuse des risques et des enjeux sécuritaires du projet afin de développer des guides et procédures de sécurité adaptés aux réalités de nos zones d’intervention.

Pour terminer, quelles sont les prochaines étapes?

La prochaine étape est de finaliser la planification détaillée des activités dans le cadre de l’élaboration de notre plan de mise en œuvre global et de notre plan de travail plus précis pour la première année du projet que nous devons soumettre pour approbation à Affaires mondiales Canada d’ici la fin du mois d’avril. Nous prévoyons ainsi pouvoir commencer officiellement les activités auprès des bénéficiaires du projet au courant du mois de mai ou juin.

À propos d’ÉDUFAM

Sommairement, la région des Grands Lacs d’Afrique est marquée depuis plusieurs années par une série de crises sociopolitiques récurrentes, provoquant d’importants déplacements internes et externes de populations qui perturbent leur parcours éducatif, particulièrement celui des filles. Le taux de pauvreté, respectivement de 80% en RDC, 74% au Burundi et 60% au Rwanda (BM, 2017), et l’instabilité de la région renforcent en effet les barrières socioculturelles, économiques et physiques à l’éducation des filles.

D’une durée prévue de 4 ans, le projet Éducation des filles pour un avenir meilleur dans la région des Grands Lacs (ÉDUFAM) se veut une réponse régionale aux besoins criants d’éducation des filles, des adolescentes et des femmes dans la région, particulièrement des réfugiées, déplacées, et retournées. En ciblant des écoles primaires et secondaires dans trois zones accueillant des camps de réfugiés et de déplacés, le projet ÉDUFAM vise comme résultat ultime une autonomisation accrue de ces populations par l’éducation.