« Grâce à la Fondation, nos enfants sont scolarisés. »

Je m’appelle Joseph Hossou, je suis entrepreneur en maraîchage à Sèmè Podji, au Bénin. J’ai quitté l’école à 15 ans, ensuite j’ai vécu dans la rue pendant des semaines avant de devenir taxi-moto pendant cinq ans. Le projet AFPB m’a été proposé par la Fondation Paul Gérin-Lajoie dans quatre filières dont le maraîchage, et j’ai tout de suite accepté, certain que, quand on a résolu le problème de la nourriture, on peut vivre correctement et commencer son développement. En 2006 je suis devenu maître-exploitant et formateur auprès des étudiants du projet PFIJE. Depuis que je suis formateur, j’ai formé plus de 110 personnes.

Comme conducteur de taxi, je gagnais 1 000 CFA (2.30 $) par jour et entre l’essence, et l’entretien de la moto, parfois je n’arrivais même pas à faire de bénéfices. Grâce aux cours d’alphabétisation qui fait que je parle et écris le français j’ai pu découvrir par le biais de la formation un nouveau métier et savoir comment planter, cultiver sans abîmer l’environnement . Le projet AFPB nous a aussi donné des bases de secourisme et de premiers soins grâce à la Croix-Rouge.

Avec ma femme, Lydie Guidigan, nous nous sommes mariés avant le projet car elle vendait de l’essence sur le bord de la route et j’étais son client ! Le début était difficile, il a fallu investir pour acheter une motopompe, chercher des terres, acheter les engrais et les autres produits nécessaires et on a commencé le travail. Quand nous avons commencé le maraîchage, nous utilisions des produits chimiques. Après avoir épandu les traitements, notre peau était très abîmée. Nous avons mis de l’huile rouge, du beurre de karité pour apaiser, nous avons bu beaucoup d’eau mais rien n’y fit. Alors je me suis demandé comment nos grands-parents faisaient avant sans faire avec des produits chimiques ? Je me suis souvenu qu’ils n’utilisaient que des produits naturels, j’ai donc décidé d’arrêter tous les traitements. Aujourd’hui on appelle ça bio, mais moi j’appelle cela faire naturellement. Nous faisons notre compost, je prépare moi-même les insecticides avec du jus de neem, un bois d’ici et c’est très amer et c’est un traitement naturel. Je suis très fier de ce que j’ai et du fait de ne travailler que de façon naturelle alors que les gens utilisent des traitements autour de moi.

Le défi à l’avenir est que le domaine sur lequel nous nous trouvons est la propriété de l’état béninois et il souhaiterait faire un nouveau port. Le jour ou l’État va vouloir récupérer son terrain, je partirai sur mes terres achetées il y a quelques temps à la frontière entre le Togo et le Bénin, une agriculture est déjà en train d’être développée.

 

Aujourd’hui, quatre ouvriers travaillent avec moi et nous réalisons plus de
100 000 CFA (230 $) de bénéfices par mois et mon premier objectif est d’investir dans une chambre froide pour conserver les produits que nous récoltons, notamment les tomates et les piments.

Le projet de la Fondation nous a fait sortir de la misère, c’est grâce à lui que nos six enfants sont aujourd’hui scolarisés et j’espère que les projets vont continuer pour nos autres frères et sœurs béninois qui sont au chômage. Pour l’hôpital, la scolarité de ma famille, je suis en mesure de tout payer. C’est moi seul qui a réussi à faire cela. La terre ne ment jamais.