La Fondation Paul Gérin-Lajoie emboîte le pas vers la coopération volontaire virtuelle!
Dès les premiers jours qui ont suivi l’annonce de la pandémie de la COVID-19 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la Fondation Paul Gérin-Lajoie a rapidement entrepris les démarches adéquates et nécessaires afin de rapatrier rapidement et de façon sécuritaire ses coopérants volontaires au pays, tout en assurant un suivi avec les partenaires locaux de sorte à leur apporter le soutien nécessaire dans la mesure de ses moyens.
Toute mobilité internationale ayant été interrompue, la Fondation, son personnel employé et les personnes coopérantes volontaires poursuivent désormais leurs activités à distance. Pour faire lumière sur l’adaptation de nos projets à l’international en temps de COVID, nous nous sommes entretenus avec Christine Simonnet et Léandre Schliffer, tous deux chargés de projets internationaux à la Fondation, notamment dans le cadre du Projet d’insertion durable des diplômés du secteur agropastoral (IDDA) et du projet Leadership des Entrepreneures Agricoles Diplômées des lycées techniques du Bénin (LEAD).
En quoi la COVID-19 affecte la mise en œuvre des projets en général?
Sans mettre à l’arrêt complet les projets de la Fondation dans ses pays d’intervention, la pandémie bouleverse de façon importante ses activités. Comme au Québec, certaines équipes sont confinées chez elles, forcées au télétravail, quand c’est possible. Pour d’autres, le confinement n’est pas imposé par le gouvernement et les activités se poursuivent, en s’adaptant aux mesures préventives mises en place par celui-ci. D’une façon ou d’une autre, toutes les équipes travaillent de concert avec les chargés de projet au Canada pour réajuster les activités, réorienter les budgets et actualiser les calendriers d’exécution. C’est le cas, notamment, pour les projets IDDA et LEAD.
IDDA, en bref
Le projet IDDA a officiellement démarré au Bénin, au Mali et en Haïti en novembre 2016 et se poursuivra jusqu’en juin 2021. Il a été élaboré afin de répondre aux problèmes d’employabilité et d’insertion sur le marché du travail auxquels les jeunes des trois pays sont confrontés au terme de leur formation en techniques agricoles. Au Bénin, au Mali ou en Haïti, les emplois formels et décents dans le secteur agricole sont plutôt rares. Ainsi, le projet IDDA prévoit renforcer les écoles professionnelles du secteur agricole et leur ministère de tutelle afin que la formation offerte, qu’elle soit technique ou en entrepreneuriat agricole, soit de qualité et réponde aux besoins spécifiques de chacun des pays. Tout au long du projet, la plupart des jeunes seront accompagnés et suivis dans le démarrage de leur entreprise par les organisations locales, partenaires de la Fondation, mais aussi, à l’occasion, par des personnes coopérantes volontaires québécoises en mandat sur le terrain. Le Projet LEAD qui lui a débuté en septembre 2019 pour une durée de deux ans vient en appui au projet IDDA et répond plus spécifiquement aux besoins des femmes entrepreneures.
Comment s’est déroulée la gestion de cet enjeu de taille ?
La COVID-19 et les mesures mises en place par les gouvernements locaux ont forcé un ajustement des activités. Les écoles techniques ont été fermées et les élèves renvoyés chez eux jusqu’à nouvel ordre. Au Bénin, la plateforme d’apprentissage numérique créée pour le projet par la compagnie Boîte à Innovations a été mise en ligne. Les élèves peuvent dorénavant écouter, de chez eux, l’audio des capsules vidéo de formation par l’entremise de l’application WhatsApp et poser des questions en direct à leurs enseignants. Par ailleurs, des gels hydro-alcooliques ont été distribués à toutes les entreprises accueillant des stagiaires, parallèlement à la sensibilisation effectuée auprès des entrepreneurs sur les mesures de protection recommandées par l’OMS, tout en mettant l’accent sur le respect des mesures adoptées par le gouvernement béninois. Par exemple, des avis d’information sur la COVID-19 ont été diffusés sur les ondes des radios de proximité au profit des communautés des régions du projet.
Au Mali et en Haïti, le projet fonctionne au ralenti, car les écoles sont fermées. Cependant, les équipes continuent à appuyer localement les jeunes en insertion, notamment en effectuant des suivis à distance par voie téléphonique. Cette démarche permet de ne pas rompre les liens avec les jeunes, qui continuent de travailler dans leurs petites exploitations agricoles individuelles. Des campagnes de sensibilisation sont aussi menées en langues locales par la radio, afin de sensibiliser les populations bénéficiaires aux règles d’hygiène et aux gestes barrières pour éviter la transmission du virus. Les équipes locales ont aussi adapté leur espaces de travail, limitant les personnes présentes dans les bureaux (rotation du personnel), et en mettant à disposition du personnel employé des solutions de lavage des mains et de désinfection des surfaces.
Et une personne coopérante volontaire, ça fait quoi?
Les personnes coopérantes volontaires de la Fondation s’engagent habituellement bénévolement par motivation personnelle et par esprit de solidarité. Ces personnes mènent des actions de coopération en lien avec leurs qualifications professionnelles. Elles travaillent sous la supervision des personnes chargées de projet dans les pays de déploiement et sous la direction des personnes chargées de projet au Canada. Bien que les volontaires ne soient pas rétribués par un salaire pour leur implication, ils reçoivent néanmoins une indemnité de subsistance afin de couvrir leurs frais personnels. En revanche, pour la plupart, ce n’est pas l’aspect monétaire qui compte; mettre leur expertise au service des organisations partenaires pour contribuer au développement international l’est. Les liens développés avec les personnes rencontrées lors des mandats sont aussi un gain précieux pour les personnes coopérantes volontaires, particulièrement dans le contexte de la COVID-19.
En quoi consiste un mandat virtuel et qu’a-t-il de particulier ?
Dès les premiers jours de la pandémie, Martine Gagné, coopérante volontaire de la Fondation en poste au Bénin, a été rapatriée. Elle se trouvait dans le pays depuis octobre 2019 afin de réaliser un mandat en Égalité Femmes-Hommes (EFH) pour les projets IDDA et LEAD. Alors que son mandat devait s’achever à la fin du mois de mars, il a été écourté de deux semaines sur le terrain. Une fois de retour au Québec et bien installée chez elle (en confinement strict), Martine a souhaité poursuivre sa mission, cette fois, à distance. Depuis, elle rencontre chaque semaine par le biais de plateformes audiovisuelles comme Skype, Zoom, ou Facebook les personnes chargées des projets IDDA et LEAD, ainsi que les animateurs en insertion professionnelle qu’elle forme à l’EFH. Elle assure ainsi, à distance, la mise en œuvre des actions prévues pour l’intégration de l’EFH dans l’exécution des projets. Les formations qu’elle devait donner elle-même seront réalisées par les animateurs qui répliqueront ce qu’ils et elles ont appris avec Martine. Bien que la distance ajoute son lot de complexité au mandat, Martine demeure confiante d’atteindre ses objectifs initiaux. « La majorité des intervenants sont connectés, mais parfois le son manque, parfois cela coupe. C’est un peu déstabilisant. C’est plus long pour s’installer, plus long pour aller à l’essentiel. Il faut rationaliser le temps, c’est un apprentissage. Mais, en même temps, quand on est sur le terrain, on est toujours dans le mouvement, en activité ou en déplacement. Là, à distance, et avec les outils de communication qu’on a, on peut se poser pour regarder les outils et les revoir ensemble. Je crois que je proposerai par la suite de garder ces rencontres Skype qui permettent de rassembler des interlocuteurs étant dans des endroits différents, car cela permet de gagner du temps et surtout, de prendre le temps de la réflexion. C’est aussi un apprentissage pour certains. »
Pour lire le témoignage complet de Martine.
Prochaines étapes ?
Dans les semaines et les mois à venir, la Fondation Paul Gérin-Lajoie va multiplier les interventions virtuelles de ses personnes coopérantes volontaires et de ses experts au profit de ces partenaires locaux afin de limiter l’impact de la COVID-19 sur l’avancée des opérations sur le terrain. Les activités seront revues et planifiées à la lumière de ce contexte nouveau ici et ailleurs. Il est certain que la réponse à la crise fera émerger de nouveaux besoins auxquels répondront de nouvelles pratiques. C’est un apprentissage pour tous.