Entrevue avec Dr Sadrak Paulimé, coordonnateur du projet A3PN
Le projet d’Appui prénatal, périnatal, postnatal et nutritionnel (A3PN) en Grand’Anse et au sud d’Haïti a démarré ses activités au mois d’avril 2016. Le projet, d’une durée de quatre (4) ans, est mis en œuvre par la Fondation Paul Gérin-Lajoie en collaboration avec Catholic Relief Services (CRS), Transnut, le département de nutrition de l’Université de Montréal et l’Unité de santé internationale (USI), également de l’Université de Montréal. Ce projet est rendu possible grâce au financement d’Affaires mondiales Canada. Il vise à réduire la mortalité maternelle et infantile dans les communes Anse d’Ainault, Corail, Les Irois et Moron en Grand’Anse et Camp Perrin, Chantal et Saint-Jean du Sud dans le Département du Sud.
Nous avons profité de la présence à Montréal du Dr Sadrak Paulimé, coordonnateur du projet A3PN, pour lui poser quelques questions.
Quelle est l’importance d’un projet comme A3PN à Haïti ?
C’est d’une importance primordiale lorsqu’on regarde les indicateurs de santé maternelle et infantile dans le sud et la Grand’Anse. La santé maternelle et infantile est d’ailleurs un axe majeur et prioritaire dans le cadre de la Politique nationale de santé du gouvernement haïtien.
Quelles sont les actions concrètes entreprises depuis les débuts du projet ?
Depuis avril 2016, tous les dispositifs et les ressources nécessaires pour la bonne conduite du projet ont été mis en place (recrutement de l’équipe, analyses des besoins et développement de stratégies). Or, le 4 octobre 2016, l’ouragan Matthew (force 4) est venu freiner l’élan en s’abattant directement sur les zones du projet. L’équipe d’A3PN basée dans les bureaux de CRS a donc œuvré durant six semaines aux efforts de relève dans ce contexte d’urgence.
Néanmoins, l’année est riche en réalisations pour le projet :
- Réalisation d’un diagnostic pour les 10 centres de santé;
- Réhabilitation complète des 4 centres de santé dans la région Sud et réhabilitation en cours de 6 centres de santé dans la région de Grand’Anse;
- Développement d’un plan de renforcement des compétences des centres de santé (en cours);
- Recrutement et formation de 75 Agents de santé communautaire polyvalents (ASCP) par le Ministère de la santé publique et des populations (MSPP) sur une période de quatre mois, menant à une certification;
- Formation sur la prise en charge de la malnutrition aigüe et sur les techniques d’apprentissage des adultes pour 75 ASCP, 20 prestataires des centres de santé et 10 Infirmières superviseuses (IS);
- Création de 34 postes de rassemblement villageois pour la vaccination, la pesée des enfants, la distribution de vitamines et d’antiparasitaires (3080 enfants de 6 à 59 mois ont reçu de la vitamine A et 1322 enfants de 12 à 59 mois ont été déparasités);
- 558 visites à domicile menées par 34 ASCP sur une période de cinq mois;
- Dépistage et référence d’au moins 25 cas de malnutrition;
- Mise en place de 132 clubs de mères;
- Création de 12 Réseaux communautaires à Grand’Anse;
- Sensibilisation de 14 490 personnes (285 activités d’information, éducation et communication (IEC));
- Formation de 56 ASCP sur l’encadrement et le suivi des Mutuelles de solidarité (MUSO);
- Création et mise en marche de six MUSO pour aider à payer les frais de santé;
- Travaux de recherche de TRANSNUT (Phase 1) sur l’allaitement, la diversité alimentaire, la nutrition et l’hygiène.
Est-ce que c’est le genre de projet qui devrait être étendu dans d’autres régions d’Haïti ?
Oui, car en Haïti a un taux de maternelle 350/ 100 000. Il s’agit du plus haut taux de mortalité dans les Caraïbes. Nous pourrons certes apprendre du projet A3PN et espérer appliquer ces connaissances dans d’autres secteurs d’Haïti.