Esther Paul : Prix Or de la Dictée de la Francophonie 2023
Gagnante de la Grande finale de de la Dictée de la Francophonie 2023, Esther Paul est traductrice chez EY Canada. Elle relate l’expérience mémorable de sa participation au défi du sans faute, en direct de HEC Montréal en mars 2023.
Quelle est votre relation avec la langue française ?
Je suis née dans un milieu francophone, le français est la «langue de mon âme». J’ai toujours eu des talents en poésie, et une facilité à apprendre les langues qui constituent mon outil de travail principal, étant traductrice vers le français.
Pourquoi avoir relevé le Défi ?
Il s’agissait d’un rêve depuis le primaire que j’avais enterré, avec le temps.
Et puis 20 ans plus tard, mon supérieur m’a invitée à relever le défi ! Une occasion de défendre mon honneur, en sachant que la Dictée P.G.L. n’allait pas être une tâche facile. En effet, je l’ai relevé et je n’ai pas été déçue par le niveau de difficulté. Je me suis engluée sur le terme « benthique », une seule faute.
Comment vous êtes-vous préparé à la Dictée ?
Quand j’ai appris que j’étais qualifiée, j’ai réalisé des dictées dont celles de France Culture, à portée plus générale, ce qui m’a permis de réhabituer ma main à écrire, car mon travail m’amène sur le clavier. Le contact du crayon au papier est pour moi le rapport le plus direct à l’écriture ! On sent le grain du papier, chaque mot qui s’y inscrit et tout cela peut changer le résultat, à partir du tracé des lettres. J’adore écrire à la main et j’aimerais avoir à le faire plus souvent…
Quelles furent les réactions de vos collègues et comment les avez-vous influencé.e.s ?
C’est d’abord une grande fierté d’avoir relevé la première étape du défi, car on était dix traducteurs.trices à tenter la qualification. Ce n’était pas évident, car nous ne sommes pas des laïcs du grand temple de la langue française, mais plutôt des initié.e.s. La compétition était féroce, et j’avais le sentiment d’être là, entourée de l’enthousiasme des mes collègues. Remporter l’or a été la liesse générale !
Quelles sont vos astuces pour déjouer les pièges du français ?
Le français est une personne, une artiste qui aime les nuances, mais pas les grands contrastes. Dans les règles, elle aime mettre du sien. La psychologie du français fait qu’elle a le dernier mot, elle fait ce qu’elle veut et désire. Elle nous invite à un immense jeu de détective, où on peut l’adorer mais sans jamais la maîtriser complètement tellement elle est complexe et jamais définitive. Le français est toujours en mouvement, porté par l’évolution comme une personne qui change toujours…
Quelle émotion avez-vous ressentie lors de l’annonce des gagnant.e.s ?
Je ressens à l’instant cette émotion, une dose de nervosité et beaucoup d’accomplissements, et de ravissement. Entre la crédulité et l’émerveillement, une mosaïque émotive sur le coup, et par, quand on s’exprime par des mots, l’émotion a versé dans les larmes de la fierté, un intense tourbillon…
Allez-vous réitérer l’expérience en 2024 ?
Oui et je vais encourager les traducteurs.trices, les rassurer même si parfois un mot qu’on n’a jamais vu comme « benthique » se présente ! Ce n’est pas grave de se tromper car on apprend dans ces moments. Le français a tant à nous révéler, il serait dommage de s’en passer…