Lutter contre les violences basées sur le genre en milieu scolaire : un pas vers une éducation de qualité pour les filles et la réalisation des droits des femmes

© Image 153 – 15/12/2021 | Groupe Scolaire Bilingue International – Centre Petite Enfance Yaoundé 

 

Les violences basées sur le genre en milieu scolaire constituent un phénomène mondial, un facteur majeur de déscolarisation des filles ainsi qu’un des principaux obstacles à la réalisation d’une éducation pour toutes et tous. Ainsi, dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, le Programme de coopération volontaire Compétences, Leadership, Éducation (Programme CLÉ) tient à souligner le pouvoir transformateur de l’éducation sur la prévention et les causes profondes des violences basées sur le genre.

Contrer les violences basées sur le genre en milieu scolaire (VBGMS) s’inscrit dans un contexte de lutte contre les inégalités de genre et de mobilisation contre les violences faites aux femmes. Cette lutte se trouve aujourd’hui au cœur de l’agenda international, implicitement à la croisée des Objectifs de développement durable 4 et 5 (ODD) adoptés par les Nations Unies.

Les VBGMS sont des actes de violence sexuelle, physique ou psychologique infligés à des élèves à l’école en raison des stéréotypes, des rôles et des normes qui leur sont attribués. Elles peuvent survenir non seulement dans l’école, mais aussi près des entrées  sur le trajet entre le domicile et l’école, ainsi que dans les différents espaces d’enseignement.  De plus, les technologies de l’information et de la communication permettent aujourd’hui de répandre l’intimidation, les brimades et le harcèlement sexuel bien au-delà des espaces scolaires.

Si les vulnérabilités des élèves et leurs expériences varient d’un pays à l’autre et au sein d’une même société, les VBGMS sont un phénomène mondial. Au Canada comme partout dans le monde, les filles sont les premières victimes des violences basées sur le genre en milieu scolaire et sont le plus souvent victimes d’intimidation, de violences sexuelles, de harcèlement  ou de cyberharcèlement. 

Les rapports de force et les relations de pouvoir inégales entre les adultes et les élèves, ainsi que les stéréotypes de genre et les rôles sociaux différents attribués aux filles et aux garçons rendent les filles particulièrement vulnérables à ces violences, à savoir au harcèlement sexuel, au viol, à la contrainte, à l’exploitation et à la discrimination sexuelle de la part du personnel scolaire et des pair(e)s. À titre d’exemple, l’organisme Prévention CDN-NDG rapportait que près de 3 filles sur 5 disaient avoir déjà été touchées de manière sexuelle sans leur consentement selon les données récoltées dans un groupe de discussion mené auprès d’élèves de 12 à 17 ans au Québec en 2019. De plus, 83% des participantes considéreraient que le harcèlement sexuel est un fléau dans leur école. Depuis le début de la crise sanitaire, les données montrent que les violences à l’égard des femmes et des filles se sont accrues à l’échelle mondiale. 

Actuellement au Québec, une loi-cadre pour contrer les violences sexuelles en milieu scolaire est réclamée, notamment par le collectif La voix des jeunes compte, appuyé entre autres par le Mouvement Écoles Sans Violence Sexuelles et la Fondation canadienne des femmes.

En Afrique subsaharienne, notamment dans les pays partenaires du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) où intervient le Programme CLÉ, les grossesses précoces et/ou non désirées et les mariages forcés ont fortement augmenté chez les adolescentes à la suite des fermetures d’écoles en raison de la pandémie de COVID-19.

Aujourd’hui, malgré la fin du confinement et la réouverture des écoles, les filles continuent d’en subir les conséquences. Autrement dit, plusieurs d’entre elles ayant pris du retard dans leur apprentissage sont confrontées à des obstacles pour retourner aux études. Ainsi, celles ayant une grossesse précoce craignent d’être stigmatisées et harcelées à l’école. De plus, par besoin financier, elles peuvent se voir contraintes de travailler afin d’aider leur famille à sortir de la pauvreté.

 

Pistes de solutions

Au Québec, le Conseil du statut de la femme a émis des recommandations dans son avis sur l‘égalité entre les sexes en milieu scolaire en 2016. Depuis, le gouvernement s’est engagé à procéder à une réforme du Protecteur de l’élève afin que le traitement des plaintes en milieu scolaire soit plus indépendant, transparent et accessible et afin qu’il serve d’outil de lutte contre les violences et l’intimidation à l’école.

À l’heure actuelle, tous les établissements ont déjà l’obligation d’élaborer un plan de lutte contre l’intimidation et la violence. De plus, dès septembre 2022, un nouveau cours intitulé Culture et citoyenneté québécoise abordera l’enjeu des agressions sexuelles. En outre, le site du ministère de la Famille contient de l’information en lien avec la violence sous toutes ses formes. Celui-ci présente, par l’intermédiaire du mot-clic #ChaquePersonneCompte, des capsules vidéos sur la cyberintimidation. Le site Tel-Jeunes énonce quant à lui certains principes de base permettant de gérer et d’exprimer adéquatement ses émotions ainsi que de nombreux témoignages de jeunes sur divers sujets qui les préoccupent.

À l’échelle internationale, la Coalition mondiale pour l’éducation de l’UNESCO a lancé le programme « Égalité des genres » pour convaincre les États de renforcer la scolarisation des filles, y compris celles qui sont enceintes.  Cet enjeu était d’ailleurs au cœur du troisième Sommet des filles africaines, qui avait lieu au Niger en novembre 2021, à la suite de l’initiative de l’Union africaine et du Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant.

Pour sa part, le Forum des éducatrices africaines (FAWE), partenaire stratégique du Programme CLÉ, a contribué à l’émission  de recommandations concrètes sur les politiques de rescolarisation des filles et mères adolescentes. Parmi celles-ci, on trouve « la nécessité de sensibiliser largement aux stratégies de rescolarisation, qui devraient idéalement être menées par le biais d’une approche multipartite impliquant des représentants du gouvernement, de la société civile, des administrateurs scolaires, des chefs religieux et des structures communautaires et familiales ». En ce sens, le  Programme CLÉ appuie l’élaboration de stratégies inclusives et d’outils sensibles au genre, notamment en lien avec les VSBGMS. Ils visent à accroître l’accès à l’éducation, et à l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP) des filles et des personnes en situation de vulnérabilité et de marginalisation, ainsi que leur rétention dans un cursus scolaire.